La Chine domine la course mondiale aux véhicules électriques. Voici pourquoi cela inquiète l’Europe – et ce que la France peut faire.
Ce que cela signifie pour la France et l’Europe
La révolution des véhicules électriques (VE) n’est pas seulement un changement de mobilité – c’est une course industrielle et géopolitique mondiale. Et la Chine est en train de la gagner. Tandis que les États-Unis et l’Europe continuent de planifier, débattre et inciter aux politiques vertes, la Chine a déjà pris les devants, en grande partie grâce à un élément clé : les batteries.
En 2024, les immatriculations de voitures électriques en France ont légèrement reculé de 3,4 %, malgré un parc automobile électrique qui a dépassé le million de véhicules particuliers en circulation. Parallèlement, la part de marché des marques chinoises de VE en France a atteint environ 5 % des 465 000 VE immatriculés. La dépendance de la France et de l’Europe vis-à-vis des batteries chinoises est également significative, la Chine contrôlant actuellement environ 85 % de la production mondiale de batteries lithium-ion. Ces chiffres soulignent l’urgence pour la France et l’Europe de développer leurs propres stratégies.
Le pouvoir des batteries : l’arme secrète de la Chine
La Chine contrôle actuellement plus de 75 % de la production mondiale de batteries lithium-ion, avec des géants de l’industrie comme CATL et BYD en tête. Mais il ne s’agit pas seulement de volume de production – la domination de la Chine découle d’une intégration verticale complète :
- Contrôle des matières premières (lithium, cobalt, nickel) : La Chine a stratégiquement sécurisé l’accès aux mines clés en Afrique et en Amérique latine.
- Opérations de raffinage et de traitement : Une grande partie du traitement mondial des matières premières a lieu en Chine.
- Conception et fabrication de batteries : Les entreprises chinoises sont à la pointe du développement et de la production de cellules et de packs de batteries.
Cela permet aux fabricants chinois d’opérer plus rapidement, à moindre coût et avec une plus grande indépendance que leurs concurrents aux États-Unis et dans l’Union Européenne.
La stratégie de l’échelle : Production de masse et domination des coûts
Les économies d’échelle massives de la Chine signifient qu’elle produit plus de batteries et de véhicules électriques que tout autre pays. Des gigafactories comme l’usine Tesla de Shanghai ou les vastes campus de BYD sont capables de produire des batteries à un coût de 100 dollars par kWh ou moins, contre 130 à 160 dollars par kWh dans les économies occidentales.
Cet avantage de coût est crucial : il rend les VE plus abordables pour les consommateurs, accélère l’adoption mondiale et consolide la domination du marché. Pour le marché français, cela signifie que les véhicules électriques chinois peuvent souvent être proposés à des prix plus attractifs pour de nombreux consommateurs, augmentant la pression sur les constructeurs français établis.
L’avantage technologique : LFP et au-delà
Les entreprises chinoises sont leaders dans la technologie des batteries LFP (lithium fer phosphate), qui est :
- Plus sûre
- Moins chère
- Plus durable que les alternatives traditionnelles à base de nickel.
De plus, les entreprises chinoises sont pionnières dans les technologies de batteries à semi-conducteurs (solid-state) et à ions sodium, avec des projets pilotes déjà en cours. Les entreprises occidentales, y compris les constructeurs automobiles français, ont encore des années de retard dans le déploiement réel de ces technologies d’avenir.
La politique industrielle centralisée : Une stratégie nationale
Le gouvernement chinois ne se contente pas de soutenir les VE – il orchestre l’ensemble de l’écosystème. Dans le cadre de programmes tels que « Made in China 2025 », l’État a :
- Massivement subventionné la production de véhicules verts
- Fourni des crédits d’impôt et des incitations à la R&D
- Favorisé les partenariats public-privé
Ce modèle centralisé confère à la Chine des avantages en termes de rapidité et de coordination que les États-Unis et l’UE peinent à reproduire. En France et en Europe, les programmes de soutien existent (par exemple, le bonus écologique, les alliances européennes pour les batteries), mais ils sont souvent plus fragmentés et moins coordonnés.
Expansion mondiale : Des produits à l’influence
Les marques chinoises de VE comme BYD, MG, et les fabricants de batteries comme CATL, s’étendent agressivement en :
- Europe (par exemple, la gigafactory de CATL en Hongrie, qui approvisionnera également les constructeurs automobiles français)
- Amérique latine
- Afrique et Asie du Sud-Est
Il ne s’agit pas seulement de vendre des voitures. Il s’agit d’exporter des infrastructures, de l’influence et des standards. Les marques chinoises s’établissent de plus en plus sur le marché français, offrant une concurrence croissante aux constructeurs établis.
La stratégie chinoise des matières premières : Le contrôle commence à la mine
La domination de la Chine dans le secteur des VE commence bien avant la fabrication des batteries – elle commence par les matières premières. Grâce à des investissements et des accords stratégiques, la Chine a sécurisé l’accès aux minéraux critiques tels que le lithium, le cobalt et le nickel dans les régions clés mondiales, notamment en Afrique et en Amérique latine. Ce contrôle de la chaîne d’approvisionnement, de la mine à la cellule de batterie, confère aux fabricants chinois un avantage décisif en termes de stabilité des coûts et de sécurité d’approvisionnement, tandis que les entreprises occidentales dépendent souvent de ces marchés en amont.
La réponse française : Gigafactories et relocalisation
Face à la domination chinoise, la France et l’Europe intensifient leurs efforts pour construire leur propre production de cellules de batterie et réduire leur dépendance. La Stratégie nationale sur les batteries de France 2030 vise à atteindre une capacité de production de batteries comprise entre 100 et 120 GWh et la création d’environ 10 000 emplois directs d’ici 2030, grâce à l’implantation de gigafactories telles que celles d’ACC, Envision, Verkor et ProLogium. Des projets comme ceux soutenus par le programme France 2030 explorent également de nouvelles générations de batteries, plus performantes et plus sûres.
De grandes entreprises françaises et européennes comme Stellantis (qui a signé un protocole d’accord avec CATL pour des batteries LFP en Europe), Renault (via sa filiale Ampere, qui collabore avec LG Energy Solution et CATL pour une chaîne d’approvisionnement européenne robuste) et TotalEnergies (qui investit dans le stockage d’énergie) s’engagent également dans ce domaine. Ces efforts sont cruciaux pour renforcer la chaîne de valeur en Europe et assurer la compétitivité.
Stellantis, Renault et les constructeurs européens sont-ils en retard ?
Les constructeurs automobiles français et européens comme Stellantis et Renault sont confrontés au défi de maintenir le rythme et les structures de coûts des fabricants chinois de VE. Bien qu’ils investissent massivement dans le développement de leurs propres plateformes et modèles électriques, le retard se manifeste souvent dans le domaine de la production de cellules de batterie. Renault, via Ampere, a dévoilé une nouvelle stratégie de batterie visant une réduction des coûts de 20 % d’ici début 2026 et travaille avec des partenaires pour établir une chaîne d’approvisionnement européenne. Stellantis, de son côté, s’associe à des géants comme CATL pour sécuriser l’approvisionnement en batteries LFP. La course est lancée pour atteindre l’échelle et l’efficacité des gigafactories chinoises.
Les consommateurs français hésitent encore
La perception des véhicules électriques chinois sur le marché français est mitigée mais en évolution. Si les marques françaises traditionnelles bénéficient toujours d’une grande confiance, les fabricants chinois comme MG et BYD gagnent du terrain grâce à leurs prix compétitifs et, de plus en plus, à leur qualité. Une étude de 2021 montrait que seulement 34 % des Français étaient prêts à envisager l’achat d’une voiture chinoise, mais cette réticence pourrait s’estomper si la différence de prix était significative (plus de 25 % moins cher). Le manque de notoriété de la marque et d’expérience directe avec le produit restent des obstacles majeurs. Cependant, l’accessibilité financière des modèles chinois est un argument de poids qui influence la décision d’achat, notamment face à l’augmentation des prix des VE occidentaux.
« Les marques chinoises sont en train de s’imposer et pourraient conquérir une part significative du marché européen des VE, ce qui met une pression considérable sur les constructeurs établis. » – Adaptation d’une analyse du Handelsblatt Research Institute, juin 2025
Tableau comparatif : Chine vs. Occident
Critère | Chine | USA/UE |
Part de marché batteries | >75 % | <25 % |
Coût par kWh | ~$100 ou moins | ~$130–160 |
Soutien gouvernemental | Centralisé, agressif | Décentralisé, bureaucratique |
Contrôle des matières | Élevé (Afrique, Amérique latine) | Faible (principalement importations) |
Exportations de VE | Forte croissance | Modérée/lente |
Défis restants pour la Chine
Même avec une avance considérable, la Chine est confrontée à des obstacles :
- Risque de surcapacité : Une surabondance potentielle de VE et de batteries pourrait faire baisser les prix et réduire la rentabilité.
- Réactions commerciales : Les droits de douane et les restrictions politiques de l’Occident (par exemple, les récentes enquêtes de l’UE sur les subventions chinoises aux VE) pourraient freiner les exportations.
- Confiance de la marque : Des défis de perception sur les marchés occidentaux haut de gamme, où les marques traditionnelles jouissent d’un prestige élevé.
Néanmoins, ces problèmes pâlissent en comparaison des avantages structurels que la Chine a bâtis au cours des 15 dernières années.
Conclusion : Sans batteries, pas de souveraineté
L’avenir de la mobilité dépend des batteries. La Chine l’a compris. La France doit maintenant transformer ses ambitions en actions concrètes pour ne pas rester spectatrice dans cette révolution électrique.
- Promouvoir massivement la fabrication de cellules locales : La France et l’Europe doivent accélérer la mise en place de leurs propres capacités de production de cellules de batterie.
- Soutenir stratégiquement la technologie des batteries : Les investissements dans la recherche et le développement de nouvelles technologies de batteries (par exemple, les batteries à semi-conducteurs et à ions sodium) sont cruciaux.
- Renforcer les coopérations avec des fournisseurs non-chinois : La diversification des chaînes d’approvisionnement en matières premières et en cellules de batterie est essentielle pour réduire les dépendances.
- Informer les consommateurs sur la qualité des modèles chinois : Une communication transparente sur la qualité et la sécurité des véhicules électriques chinois peut renforcer la confiance dans ces marques.
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Questions Fréquemment Posées (FAQ)
Q: La Chine gagne-t-elle grâce à une main-d’œuvre bon marché ?
R: Non. L’avantage de la Chine réside dans la technologie des batteries, le contrôle de la chaîne d’approvisionnement et la politique nationale.
Q: L’Europe ou les États-Unis peuvent-ils rattraper leur retard ?
R: Seulement par des investissements agressifs, la mise en place de capacités de production locales et une stratégie industrielle cohérente.
Q: Les véhicules électriques chinois sont-ils de bonne qualité ?
R: Oui. Des marques comme BYD et NIO produisent des véhicules compétitifs à l’échelle mondiale, qui gagnent également en reconnaissance sur le marché français.
Q: Pourquoi les véhicules électriques chinois sont-ils si abordables ?
R: Production de batteries rentable, technologie LFP et économies d’échelle massives.
Q : Est-ce risqué de dépendre autant de la Chine pour les batteries ?
R : Oui, cela expose l’Europe à des chocs d’approvisionnement, à l’instabilité des prix et à une dépendance stratégique à long terme.
Liens Internes
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Liens Externes
- IEA Global EV Outlook 2024 : https://www.iea.org/reports/global-ev-outlook-2024 (Agence Internationale de l’Énergie)
- CATL Site Officiel (version française si disponible, sinon globale) : https://www.catl.com/ (ou chercher catl france si une version locale existe)
- BloombergNEF Battery Price Survey : https://about.bnef.com/ (BloombergNEF est une source mondiale d’analyses énergétiques)
- BYD France : https://www.bydauto.fr/ (Site officiel de BYD en France)
- Ministère de la Transition Écologique : https://www.ecologie.gouv.fr/
- Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique : https://www.economie.gouv.fr/
- Avere-France (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique) : https://www.avere-france.org/
- Plateforme Automobile (PFA) : https://www.pfa-auto.fr/